Montres en édition limitée – rareté, stabilité de la valeur, mais quid du style ?

By Montredo in Lifestyle
janvier 27, 2020
Montres en édition limitée – rareté, stabilité de la valeur, mais quid du style ?

Cadran noir avec cercle tournant blanc, boîtier de 39,5 mm, lunette fine en acier inoxydable et bracelet en cuir sobre:

il faut bien admettre que l’Omega Seamaster Olympic Games Limited Edition est une montre élégante. Cinq couleurs emblématiques viennent compléter le tableau ; en effet, cette Omega Seamaster en édition limitée arbore les couleurs de l’anneau olympique (bleu, jaune, vert, rouge et noir). Cette montre sera éditée à 2032 exemplaires, en référence à une année au cours de laquelle sera organisée une nouvelle édition des Jeux olympiques d’été. Quel sera le pays hôte de cette édition ? Personne ne le sait encore. Qu’à cela ne tienne, la montre dédiée à cet évènement a déjà été conçue. Parmi les innombrables designs en « édition limitée » de l’industrie horlogère, le cadran invariablement sobre de l’Olympic Seamaster reste une valeur sûre. C’est loin d’être le cas pour beaucoup d’autres.

Omega Seamaster Olympic Games Limited Edition
Cette montre sera éditée à 2032 exemplaires. Est-ce une occasion à saisir rapidement ?


Le chiffre de 2032 exemplaires doit suggérer essentiellement une chose : l’exclusivité. Le chiffre 2032 ici évoque la rareté, la rupture de stock et le fait qu’il est difficile de se procurer cet article. Reste à savoir ce que représente ce nombre de pièces par rapport à la production totale. Toutefois, il émerge une autre question importante qui mérite attention : pourquoi est-ce que les fabricants de montres de luxe inondent le marché « d’éditions limitées » ? La réponse simple : pour redonner une touche d’exclusivité à un produit de luxe en cours de démocratisation. L’on vend ainsi l’exclusivité en suscitant la crainte de la raréfaction du produit. Cependant, à y regarder de près, cette crainte de la perte d’exclusivité est clairement infondée.

Le design est l’aspect qui pâtit le plus de cette tendance. Les garde-temps établis et les cadrans intemporels doivent être préservés pour le design des montres en édition limitée. Un motif de drapeau noir et blanc de course automobile sur une Speedmaster est presque aussi redondant que des rayures de course sur le capot d’une Ferrari. Un chronographe Breitling n’a pas besoin d’être étoffé du logo d’une escadrille de voltige aérienne.  Au contraire : Cela cause même une dépréciation de la montre. Ce n’est pas être conservateur que de reconnaître un design noble pour ce qu’il est : raffiné, sans fioritures et précieux.

Omega Speedmaster Snoopy
Qui aurait à l’époque pu imaginer à quel point cette montre deviendrait populaire ?


Ce qui nous amène à un aspect essentiel des montres en édition limitée : l’accroissement de la valeur. L’édition en quantité limitée laisse entendre qu’il s’agit d’une pièce de joaillerie particulièrement précieuse et rare. Dans la plupart des cas, c’est tout le contraire. Les éditions limitées – à quelques exceptions près, notamment l’Omega Speedmaster Snoopy – ne constituent pas un gage de valorisation durable de la montre qu’on porte à son poignet. Le plus souvent, ce sont les modèles de montre classiques qui préservent leur valeur monétaire. Il est difficile de prédire si une montre va connaître un accroissement de valeur significatif ou pas du tout. Il faut tout de même garder à l’esprit que même les désormais légendaires Daytona Paul Newman ont été un échec commercial lors de leur lancement vers la fin des années 1960.

Daytona Paul Newman
Très vite catalogué comme ramasse-poussière sur les présentoirs à l’époque : le Ref. 6239


L’expérience montre que, très souvent, les modèles dont la valeur augmente sont ceux que les fabricants n’ont pas conçus comme des éditions limitées. Cette valorisation peut être imputable à un coût de production particulièrement élevé qui fait en sorte qu’on ne peut produire qu’un certain nombre d’exemplaires de cette montre par an et il en résulte une limitation naturelle de la quantité, ou au hasard comme l’illustre parfaitement l’exemple de la Daytona Paul Newman.

En conséquence, au lieu d’opter pour des montres avec des designs de petits avions ou de drapeaux, l’amateur de montres doit se concentrer sur le style qui a été transposé d’une époque à l’autre par les sociétés horlogères. Les designs classiques n’ont pas à être agrémentés par les fioritures contemporaines. Ils se suffisent à eux-mêmes. Ceux qui cherchent des innovations vraiment singulières ou des hommages aux classiques doivent se tourner vers des marques de niche plus modestes et des micro-marques souvent sous-estimées qui mettent sur le marché à des prix raisonnables des pépites financées par crowdfunding.

ming watches
L’impressionnant 19.02 Worldtimer de MING Watches ©MING Watches


Même les marques les plus modestes peuvent tout à fait devenir de véritables classiques – il suffit de se référer aux exemples des marques MING Watches de Malaysie ou Singer Reimagined de Suisse, qui, de surcroît, y sont parvenues sans éditions limitées. Pour ce qui est de savoir si ce projet prendra corps d’ici 2032, seul l’avenir nous le dira.


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